Pourquoi sommes-nous si cons ?

Humains fatigués.

Nous sommes.

En instance entre le rien et le ricanement.

Que savons-nous faire d’autre aujourd’hui ? Nous ricanons en inventant des stratagèmes de communication et d’amplification de nos ricanements. Nos ricanements ne sont cependant que des larmes enfouies au cœur de notre égocentrisme.

Les larmes de l’impuissance à changer les choses. Impuissant. Tel est l’adjectif qui colle à l’humain. Impuissant à ne pas s’entretuer, à ne pas jalouser… Pire impuissant à imaginer (autre chose, un ailleurs, un au-delà des nuages).

Nous sommes devenus si cons que nous ne pouvons sortir du divertissement et de la violence qu’il engendre. Le divertissement c’est l’ultime scène de communion entre les ricanements des tribus. Vous avez la tribu des menteurs (Secret Story), la tribu des ratés affamés (les anges de la réalité), la tribu des joueurs (tous les jeux télévisés), la tribu des bobos retrouvés (émissions dites culturelles), la tribu des cuisiniers (émissions culinaire), sans oublier les tribus des survivants (émission de survie, de sport extrême)… A chacun sa tribu, à chacun son ricanement.

A chaque ricanement un modèle, une icône. Une adoration momentanée sans mémoire. Par intermittence, on greffe une mémoire en écho au présent. Cette mémoire est en fait un nouveau ricanement. Quelle icône est-elle digne de remporter le prix de l’année ? Ainsi les icônes du ricanement en viennent à lutter contre un passé inexistant. Elles s’affrontent pour être l’Icône, la Reine ou le Roi du ricanement.

Pendant ce temps-là, le spectateur ricane. Plus il ricane, moins il change de chaîne, plus il consomme, les produits, plus il adopte et confirme les attributs de la Tribu. Plus il s’enlise de la confusion du ricanement, moins il est capable d’abstraction. 

Le ricanement enferme notre humanité. Il l’encercle. Nous revenons au Dépeupleur de Samuel Beckett. Sommes-nous encore capables de sortir de ce cylindre de ricanements ? Partout nous nous heurtons au ricanement, partout nous refusons de rencontrer l’autre, les autres. Le ricanement va avec l’exclusion d’une tribu à l’autre, d’une île à l’autre. D’un bannissement à l’autre, rares sont ceux qui quittent l’espace de cette perversion narcissique et prennent de la hauteur offrant des rêves, des imaginaires.

Il est temps de faire voler en éclat le ricanement qui est le pire des maux de notre humanité.

Il est temps de retrouver les mots ! Le verbe, les phrases, l’expression des idées, d’un point de vue…

Aurions-nous oublié que, dans la boite de Pandore, reste l’espoir ? Cette infime goutte d’humanité, le seul « mot » porteur pour des générations entières d’énergie, d’avenir.