Quel bonheur de découvrir des couleurs, des traits, des rayures, des pointillés. C’est le rôle que je me suis donné : à travers le monde chercher l’art. Je cherche le geste créatif partout sous un périphérique ou dans un parc à Jakarta (Paris, ou ailleurs) ou au cœur de la Chine. J’ai eu l’occasion de chercher des traces d’art au Tibet. Un cœur vibre, une vie qui cherche ce même langage, celui que nous partageons, celui du cœur, celui de l’affect ou de la vision du monde, du présent.
C’est dans cette quête de chercheuse d’art, que ma route à croiser celle des Editions Horizon Oriental. Notamment deux ouvrages : Peintres paysans chinois, Peintures paysannes du Zhejiang, & La Peinture des Pêcheurs de Zhoushan en Chine.
Dans les Peintres Paysans, Chi Shahong signe une préface magnifique. Elle situe la peinture de ces maîtres « paysans » dans la lignée de l’Art Contemporain. La
démonstration est faite qu’il s’agit d’un art conçu pour perdurer et non pour être à la mode. Un art qui se joue donc des saisons et des galeries. Les peintures ont ici le goût de la terre, la
saveur de la brume sur les récoltes. Elles narrent la danse des dragons, la peur des légendes et les espoirs célestes de ceux qui nourrissent la région et le pays. Les couleurs des toiles
virevoltent avec le vent, se jouent du soleil, le riz parsème ses grains. On constate les valeurs de cette région : l’amitié, la solidarité, le bien vivre ensemble. Chaque toile est un
régal, un plaisir des yeux qui se déguste et se savoure comme autant de plats de cette région.
Dans La Peinture des Pêcheurs de Zhoushan, il y a une odeur de sel, une joie d’écume. Les barques ont des allures de poisson des mers lointaines. Ne vous méprenez pas, sous des traits « naïfs » il y a mille et une histoires, mille et une visions qui ont traversé ce siècle. Elles poursuivent leur chemin, elles nous éclairent à la lumière du portrait du « vieux pêcheur » de Wu Xiaofei. « La bonne saison » de Xu Lu se joue de nos habitudes, le poisson est abondant et les pêcheurs se jouent de leurs filets en une chorégraphie somptueuse baignée de rouge et d’or. « La Romance des villages de pêche » de Sun Yan est une longue sérénité qui parcourt les ruelles et fait résonner en écho la blancheur des maisons.
Je ne peux vous décrire l’ensemble des tableaux, je préfère les garder secret et vous encouragez à aller à la découverte de la peinture chinoise. Une peinture telle que je l’apprécie qui montre le quotidien et sa parure de rêveries. Une peinture poème qui laisse place au débordement de l’imaginaire et qui pourtant indique le présent. Elle est la transmission nécessaire des traditions. Elle est un prolongement, un présent continu.
La Peinture des Pêcheurs de Zhoushan en Chine, édition Horizon Oriental – 22 euros
Peintres paysans chinois, Peintures paysannes du Zhejiang, édition Horizon Oriental – 20 euros