Le temps

(c) Sonia Bressler
(c) Sonia Bressler

Tous les jours, nous entendons "je n'ai pas le temps", "le temps me manque", "cette année est longue", ou encore "les jours durent des années"... Il existe un tas d'expressions courantes qui touchent au temps. Qu'est-ce donc que le temps ?

 

Si la question de la nature du temps se pose, c'est bien parce que nous ne sommes pas complétement prisonniers de l'instant présent. Le présent n'est pas tout pour nous. Le passé et l'avenir co-existent dans notre mémoire et dans notre imagination.  Mais alors quelle est donc la nature du temps ? A-t-il une réalité en soi ou bien n'existe-t-il que parce que nous en avons conscience ? Il nous faut établir une distinction.

 

Il y a d'abord un temps subjectif qui est celui lié à notre conscience.Il s'agit du temps que nous éprouvons en nous-mêmes par le simple fait de notre pensée. Il est, selon Kant, "la forme du sens interne, c'est-à-dire de l'intuition de nous-même et de notre état intérieur". Il est donc la condition nécessaire à toutes nos expériences.

 

Le temps objectif, c'est celui que nous mesurons à l'aide d'un système conventionnel, c'est une variable physique. C'est celui qui nous permet de dire que la seconde est "la durée de 91912631770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les niveaux hyperfins F=3 et F=4 de l'état fondamental 6s 1/2 de l'atome de césium 133." Soit un multiple de la période de la radiation émise par un électron passant d'un état à un autre.

Ainsi la montre permet de mesurer le temps : le mouvement de l'aiguille ou du cadran analogique, le fait exister objectivement. Le temps a une réalité en dehors de nous.

Pouvons-nous alors mettre en évidence un temps absolu en lequel tous les mouvements se produiraient ? C'est ce que propose Newton dans son système physique. Il fait du temps un paramètre physique dans l'équation du mouvement. Cependant dans le cadre de la théorie de la relativité tous les phénomènes ne peuvent être référés à un même temps. La variable temps est donc indissociable des coordonnées spatiales. Il n'y a de temps que local. Le temps est ainsi une quatrième dimension de l'espace. Ce qui est simultané est donc relatif.

 

La question de la nature du temps renvoie donc  d'un côté au temps de la conscience , de l'autre au temps  du monde. Cependant la conscience est dans le monde en même temps  qu'elle tente de saisir l'unité du monde, et ainsi de le constituer objectivement.

 

Reste alors à comprendre que l'expérience du temps est également double. Elle désigne ce qui passe et qui revient (comme les fêtes, les jours, les années, etc.).  Tous les cycles qui rythment notre vie, rythment également notre appréhension du temps. Cette conception cyclique est propre à toutes les sociétés primitives. Elle désigne également, l'irréversibilité : ce qui passe ne revient plus. La métaphore du fleuve pour évoquer le temps est une récurrence philosophique qui engendre soit une vision linéaire soit messianique du temps.

 

Toutes ces raisons font que nous éprouvons les paradoxes du temps, qui est à la fois répétition et différence, rupture et continuité, création et destruction. L'expérience du temps est donc celle de notre finitude.